Temporel
L'écoulement du temps (Malo Aguettant, août 2022)
Besoin de la pensée
Le temps est un effet secondaire de la pensée qui s'attache à l'expérience qu'elle vient de vivre pour en reproduire une autre. Ainsi, la pensée sécrète (produit, fabrique) le temps.En refusant une situation telle qu'elle est, la pensée crée à chaque fois une seconde situation imaginaire qui correspond à nos attentes.
Nous & notre ombre
C'est dans cet infime décalage entre nous & la représentation de nous-même, entre nous & la situation imaginée, qu'apparaît le phénomène de l'écoulement du temps.C'est ce décalage, cet écart, que nous appelons le temps. Mais il ne s'agit que d'une apparence.
Le temps tel qu'il apparaît n'est rien d'autre qu'une extrapolation (projection, représentation) mentale, qui accapare (focalise, attire) toute notre attention.
Un point dans cette immensité
L'univers n'est que transformation. A partir du moment où je réduis le monde à une représentation, je me réduis moi-même à un objet & je m'exclus par la même du monde.C'est cette exclusion qui me fait ressentir le temps comme un écoulement, une fuite inexorable (impitoyable, implicable).
Les événements spatio-temporel (Malo Aguettant, août 2022)
Besoin de nostalgie
Au fil des années, vos souvenirs prennent de plus en plus de place dans votre vie, et finissent par prendre en otage notre présent.Dans une dépression, dans un choc émotionnel, le moi se croit définitivement piégé par son passé et n'a donc plus d'accès à la réalité présente.
Nous ne sommes plus qu'un fantôme errant dans les limbes (flots, vagues) de nos souvenirs.
D'une manière générale, on pourrait dire que nous fuyons les exigences du présent pour nous réfugier dans un passé qui nous rassure parce qu'il est connu.
Besoin d'utopie
L'être humain se laisse piéger par son futur.On dit souvent de quelqu'un qu'il se fait trop de soucis pour l'avenir ou qu'il "se met la pression". Le présent devient tellement perméable (traversant, pénétrant) au futur qu'il disparaît au profit d'une projection systématique dans l'avenir.
Cette altération de la perception du temps est tellement répandue aujourd'hui qu'on ne le remarque plus. Elle est devenue l'identité même de notre société moderne. Elle est le meilleur moyen de manipuler l'individu, de mobiliser toutes ses énergies en vue de l'accroissement du prétendu bien-être de la collectivité.
La conséquence de cette croyance au progrès perpétuel, c'est la négation, ou tout au moins l'oubli de la seule réalité qui soit, mais aussi des pratiquants fanatiques de cette nouvelle religion, "la religion du progrès".
Nous sommes devenus les adorateurs d'une idole que nous avons créée de toutes pièces. Nous lui payons un lourd tribut, sous forme d'une dette qui ne cesse d'augmenter.
Nous supportons les intérêts de la dette dans l'espoir d'une vie meilleure qui, précisément en nous projettant dans l'avenir, nous dépossède de notre seule réalité, le présent.