Faire (ou ne pas faire) la guerre
Douze arguments de propagande
Depuis l'aube des temps, les mêmes arguments ont poussé des individus ou des nations à justifier une action guerrière, en réponse à la violence (physique, psychologie, bactériologique).Voici “l'envers du décor”, c'est-à-dire la véritable conséquence lorsque des “marionnettistes”, vos dirigeants, vous poussent à agir dans une direction, qui n'est point la vôtre, mais celle qu'“économiquement” ils ont décidé, car il ne s'agit ni plus ni moins que de cela : la soif de pouvoir (conquérir un territoire ou un marché) & la soif d'argent (vendre des armes ou des médicaments).
1_L'argument de l'effort investi
“Il faut aller jusqu'au bout (ou tout l'effort de guerre mené jusqu'à présent aura été vain).”Contre-argument : “aller jusqu'au bout” signifie en réalité, que cette fin conduit inéluctablement (inévitablement) à réduire à néant (jusqu'à “la mort“) les biens & les gens.


2_L'argument de la crédibilité
“Il faut mettre les menaces à exécution, sous peine de perdre toute crédibilité.”Contre-argument : “succomber aux menaces” c'est accepter l'affrontement, sans que cela vous garantisse le résultat escompté (souhaité) à l'arrivée.


3_L'argument de l'armageddon
“Il faut gagner cette guerre, sinon de terribles choses vont se passer (épidémie mondiale, pays aux mains des ennemis, région entraînée dans la guerre).”Contre-argument : “aller dans cette direction” n'offre aucune garantie, cela peut même avoir pour conséquence d'accélérer ce que l'on cherche à éviter.


4_L'argument du blitzkrieg
“Il faut frapper fort et sans hésitation pour que la guerre soit vite finie.”Contre-argument : “mener une guerre-éclair” en un lieu, amène toujours une action en retour (vengeance, résurgence, réapparition), un peu plus loin et un peu plus tard.


5_L'argument de la légitimité
“Il y a des guerres justes” et/ou “notre cause est légitime”.Contre-argument : “Je suis dans mon bon droit, car c'est intolérable et inacceptable” ne prend pas en compte que l'autre partie peut avoir la même pensée que nous, ou peut avoir vécu dans le passé une chose terrible dont nous n'avons pas connaissance.


6_L'argument de l'horreur
“On ne peut pas laisser faire ça.”Contre-argument : “C'est de mon devoir d'intervenir” est souvent conditionné aux images & opinions répétées dans les médias. L'être humain telle une girouette, une fois que l'information change de bord ou de direction, la “marionnette” suit le même chemin ...


7_L'argument de l'entêtement de l'ennemi
“L'ennemi est prêt à tout : au lieu de capituler, il répond à nos bombardements par plus de violence et de massacres.”Contre-argument : “c'est l'escalade, cela ne s'arrête plus” où le recours à davantage de violence & à plus d'action, par les deux protagonistes (personnages), est une manière de se donner bonne conscience, sous couvert de l'opinion publique. Ce cercle vicieux continuera, tant que l'un des belligérants (opposants) poursuivra son entêtement, j usqu'à que mort s'en suive.


8_L'argument de la trahison
“Qui n'est pas avec nous est contre nous” et/ou “Les X approuvent l'ennemi; donc toutes celles et ceux qui ne nous suivent pas dans la guerre sont des X”.Contre-argument : “ou vous êtes avec moi ou vous êtes contre moi” où ne pas prendre part au conflit (révolte, divorce, contagion), ni pour l'un ni pour l'autre, est un droit, car libre à nous d'avoir le choix de ne pas y participer.


9_L'argument des leçons de l'histoire
“Et si cet événement ne se serait pas produit, que se serait-il passé ?”Contre-argument : “Si je ne serais pas mort, je serais toujours en vie !” ne tient pas compte du fait que l'avenir n'est ni linéaire ni prévisible.


10_L'argument du consentement par non-assistance
“Ne pas réagir aux actes indignes de l'ennemi n'est pas nécessairement les approuver, mais en pratique cela revient au même. Les pacifistes sont coupables de non-assistance à personne en danger.”Contre-argument : “Vous l'avez laissé en danger” lorsqu'une personne fait le choix ou prend la décision de partir à l'aventure, elle le fait de sa propre initiative. Si nous ne sommes pas responsable de son choix (la cause), pourquoi devrions-nous être coupable de ce qui va advenir (conséquence).


11_L'argument de la lâcheté & du courage
“Les pacifistes sont des lâches.”Contre-argument : “Il faut savoir faire preuve de courage” Fréquemment, celles & ceux qui traitent les pacifistes de lâches, vivent dans l'oppulence (l'abondance, le confort) et sont souvent les derniers à vouloir exécuter les initiatives qu'ils conseillent aux pacifistes.


12_L'argument de la bêtise pacifiste
“Les pacifistes ne comprennent rien au monde : la loi du plus fort règne partout.”Contre-argument : “Ne rien faire n'est pas la solution” c'est renforcer l'illusion que la violence est la solution, alors qu'en définitive (en réalité), l'usage de la violence a cet effet pervers de donner l'impression d'une victoire (satisfaction immédiate), alors qu'il s'agit d'une défaite, un aveu de faiblesse, celle de notre incapacité à résoudre le conflit.


Synthèse
Comportement moral
La non-violence
Les conflits armés sont cause de mort et de destruction, de famines et d'épidémies. Ils sont toujours le frein le plus net à l'amélioration des conditions de vie des populations qu'ils impliquent.Ils causent ou entretiennent la destruction des ressources naturelles, intellectuelles, techniques et philosophiques des êtres humains. À travers la haine, ils ajoutent une source de souffrance plus violente encore que celles provoquées par les traumatismes tels que la maladie et la mort lorsque ceux-ci surviennent en temps de paix.
La tentation de faire le tri entre les causes “justes” et celles qui ne le sont pas est légitime, mais elle n'est malheureusement pas réaliste. Tous les belligérants (opposants) sont évidemment convaincus d'être engagé dans une telle cause. Par ailleurs, l'histoire montre ad libitum que les causes peuvent être défendues avec la plus fervente conviction pour tomber en désuétude (obsolescence, abandon) quelque temps après, bien qu'elles aient entraîné pour leur perpétuation des souffrances incalculables.
Octuple Sentier
Il s'agit d'une doctrine philosophique et non d'une explication du monde. Les huit jalons (“l'Octuple Sentier” dans la terminologie traditionnelle) établissent un code de comportement moral permettant d'atteindre la libération de la souffrance.Ce code est le suivant :
1. établir une bonne vision du monde et de la continuité humaine
2. avoir des objectifs clairs
3. pratiquer des paroles réfléchies
4. adopter un comportement juste
5. mener une vie professionnelle saine
6. faire des efforts réguliers
7. se comprendre soi-même
8. entraîner sa concentration
Revendications ethniques, religieuses ou territoriales
Une personne ne peut pas prétendre vouloir améliorer la condition humaine, ni même la sienne propre, si elle participe ou pense un jour devoir participer activement à un conflit armé.En cas de conflit ou de risque de conflit armé, la seule manière d'améliorer la condition humaine passe avant tout par l'évitement du conflit.
Or, tous les conflits armés peuvent se ramener à des revendications ethniques, religieuses ou territoriales. La certitude d'être impliqué dans une cause juste de conquête ou de défense d'un territoire donné est à l'origine de tous les conflits armés et est la source de leur perpétuation.
En conséquence, le renoncement à toute prétention territoriale, et la volonté active de vivre en bonne entente avec d'autres, y compris si cela implique un exode, sont les conditions sine qua non de la paix. Ceci n'exclut pas, évidemment, de fermer sa porte aux tentatives d'intrusion, mais cette attitude ne fait guère de sens si elle implique la destruction de la porte, voire de la maison, et une longue perspective de violences et de souffrances.
Une personne ne peut pas prétendre vouloir améliorer la condition humaine, ni même la sienne propre, si elle se bat ou pense un jour se battre pour un bout de terrain, quand bien même elle aurait investi trente ans de sa vie dans ce bout de terrain.
“Les êtres humains heureux que je connais ne le sont jamais parce qu'ils se battent pour défendre ce qu'ils jugent être leur territoire, mais parce qu'ils vivent en paix avec les autres et avec eux-mêmes, même sur une terre qui n'est pas la leur.”
L'Almanach : 364 préceptes pour la vie quotidienne
Luc Élias-Kawada & Jean-François Romang