Lettrines ArboSciences

Crépuscule des Dieux

Décadence des sociétés dites modernes

Lorsque Joël Sternheimer nous dit que “la science moderne violente la nature quand, pour tenter de la comprendre, elle la casse en morceaux”, c'est une opinion que partagerait sans nul doute une assemblée de druides comme celle qui se réunissait jadis dans la forêt des Carnutes (Chartres France), aux temps de la Gaule indépendante.

Joël Sternheimer, physicien français, inventeur de la synthèse protéique via la musique.

Dans “la Gaule éternelle” (écrit en 1965 et publié en 1988), dans lequel, au chapitre sur “Les trois légendes boréennes” (l'Edda islandais Islande, le Kalevala finlandais Finlande et le Lebor Gabala irlandais Irlande) j'évoquais la mention légendaire, c'est-à-dire historico-prophétique de la magicienne Gullveig.

Ce que les Européens Europe d'aujourd'hui ignorent, c'est que les antiques mythologies européennes (celtique, germanique Allemagne, scandinave Danemark Finlande Islande Norvège Suède, slave ...) dont leur mémoire a été amputée par l'impérialisme romain et plus encore par l'idéologie chrétienne, c'est que ces grands mythes oubliés véhiculent les avertissements prophétiques des sages anciens qui nous mettaient en garde contre le “crépuscule des dieux”, c'est-à-dire contre la décadence des sociétés trop oublieuses des lois naturelles et de l'âme des hommes. (Les dieux antiques ne représentaient rien d'autre que des tendances psychologiques humaines et des tempéraments ethniques.)

On peut lire à ce sujet dans la “Mythologie des steppes, des forêts et des îles” de Pierre Grimal :

“Dans le Voelupsa (“ce que dit la voyante”), une des pièces les plus étranges de l'Edda, le poète a évoqué l'ensemble des faits qui aboutissent à la fin des dieux et à la catastrophe du monde. Certes, la destin des dieux est scellé; ce furent leurs actes mêmes qui entraînèrent leur perte.”

Et quels furent ces actes ? Ils sont symbolisés par la mise à la torture de “Gullveig”, qui est une sorte de “Démeter” nordique et qui représente la richesse obtenue par l'agriculture. Car les dieux “Ases”, souverains de l'“Asgard” (le ”jardin des Ases”, le paradis germanique) veulent arracher à “Gullveig” tous ses secrets. “Comme elle refusait de les livrer, ils la firent brûler” (allusion évidente à l'écobuage, ou brûlis, périodique des prairies). Mais “en vain, car elle renaissait de ses cendres; les Ases lui infligèrent aussi d'horribles supplices.”

Notre agriculture moderne, complètement dénaturée, bourrée de nitrates et de pesticides et devenue hyperpolluante n'évoque-t-elle pas irrésistiblement les tortures de “Gullveig”, préparant le “crépruscule des dieux”, c'est-à-dire la chute de la civilisation ?