Trois minutes pour comprendre / Three minutes of learning
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Tempête providentielle 
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Surpris par une tempête en mer la veille du jour de Pâques de l'an 1900,
deux bateaux de l'île de Symi se réfugient près d'Anticythère.
Après cette accalmie, le pêcheur d'éponge Ilias Stadiatis explore les
fonds marins et découvre un spectacle inoubliable : le sol est jonché de
statues en marbre, de poteries et des restes d'un bateau antique. Trois pièces
métalliques d'un même objet seront remontées par la suite.
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La Pascaline (calculatrice de Blaise Pascal) avant l'heure
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Un système complexe constitué de 36 engrenages est retrouvé dans
l'épave d'un navire (localisé le 04 avril 1901 et repêché
le 17 mai 1902) par 42m de profondeur dans la mer Egée, proche de l'île
d'Antikithyra (Anticythère, en français), entre Cythère et Crète.
Confectionnée en bronze et en bois, il mesurait 340mm x 180mm x 90mm =
hauteur x largeur x profondeur. Le commandant Jacques-Yves Cousteau estime le naufrage
à l'an 86 av. J.-C.
La machine d'Anticythère (mécanisme d'Anticythère) fut trouvée sur la route maritime qui relie Athènes (Grèce)  à Alexandrie (Egypte)
 . Au Ie siècle av. J.C.,
le général romain Sulla était connu pour son trafic d'antiquités
par voie maritime.
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Instrument de navigation
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Selon toute vraisemblance cet instrument de navigation, conçu entre 150 et
100 av. J.-C. et connu depuis l'an 205 av. J.-C., pourrait avoir trois concepteurs
possibles: le savant Archimède de Syracuse (287 à 212), l'astronome
Hipparque de Nicée (190 à 120) ou le savant Posidonios de Rhodes
(135 à 51).
Le philologue (linguistique) allemand Albert Rehm sera le premier en 1905 à
comprendre que l'objet en question est un réalité un calculateur astronomique.
Cet instrument de navigation permettait de reconstituer avec précision les mouvements
des astres, incluant un mécanisme différentiel et précis de 1 partie
pour 40 000. Les 900 caractères déchiffrés par le physicien et
historien Derek de Solla Price (radiographie aux rayons gamma en 1959) viennent confirmer
l'hypothèse de Rehm. Les 2 000 nouveaux caractères déchiffrés
par l'astronome Mike Edmunds et le mathématicien Tony Freeth (radiographie ou
tomographie aux rayons X en 2000), précisent tous les rouages du calculateur.
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Rouages de la mécanique
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Actionné par une manivelle, ce calculateur analogique décrivait les mouvements
du Soleil, de la Lune et des cinq planètes visibles à l'œil nu (Mercure,
Vénus, Mars, Jupiter & Saturne).
Il prévoyait également les éclipses (solaires & lunaires) et tenait compte des années bissextiles (réglage correctif). Seules deux machines rivalisent de la même ingéniosité: le planétarium mécanique (Archimède) et une "sphère céleste automatique". 
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Historique des recherches
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Lors de la découverte de l'épave en avril 1901, des restes humains avaient
déjà été retrouvés. En 1976, l'expédition de
Jacques-Yves
Cousteau à bord du Calypso, avait mis la main sur quatre squelettes, mais ceux-là
n'étaient pas suffisamment exploitables pour en extraire un ADN.
Les premières inscriptions interprétées (mots "Vénus" et "rayon solaire") font allusion à une utilisation astronomique. 600 caractères sont déchiffrés en 1902, ce chiffre grimpe à 923 en 1971 (analyse aux rayons X par Price Derek J. de Solla & Har. Karakalos), pour atteindre 2160 en 2000 (tomographie par l'astronome Mike Edmunds et le mathématicien Tony Freeth) puis 3400 en 2016. 
En 2013-2014, une énorme ancre avait été remontée. Fin mai 2016, une lance de bronze (2m de long pour 6kg) et de la vaisselle (plat en céramique) sont découvertes par Brendan Foley (organisation WHOI, Woods Hole Oceanographic) et par Dimiteis Kourkoumelis (organisation EEA, Ephorate of Underwater Antiquities). Le 31 août 2016, des plongeurs trouvent les restes humains, peut-être un membre de l'équipage. Autour des archéologues Brendan Foley, Theotokis Theodoulou, Alex Tourtas, et assistés par Nikolas Giannoulakis et Gemma Smith, une fouille minutieuse est orchestrée. Celui retrouvé en août 2016, présente un crâne en bon état de conservation. 
L'analyse des images radiographiques 3D en mars 2021 par le scientifique Adam Wojcik de l'UCL (University College de Londres, Royaume-Uni  ) a
révélé que les chiffres 462 (462 ans pour l'engrenage de 63 ans) et 442, correspondent
aux cycles des trajectoires que Vénus et Saturne, respectivement, suivent lorsqu'elles traversent le ciel.
L'équipe a pu les corréler avec une ancienne méthode mathématique grecque décrite par le philosophe Parménide. 
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Présence de sept statues
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En septembre 2017, les archéologues sous-marin récupèrent des morceaux
de six statues de bronze et de marbre, le cercle d'un sarcophage en marbre rouge ainsi qu'un
mystérieux disque de bronze décoré d'un taureau.
Déjà en 1901, des fouilles avaient permis de découvrir une statue
en bronze de 2m de haut connu comme l'éphèbe d'Anticythère, mais aussi,
des bijoux.
En 2014, le butin découvert avait été fructueux (grosses ancres, jarres de vin, bijoux en or et le fameux squelette). Brendan Foley (Université de Lund en Suède) et Theotokis Theodoulou (Eforato grec pour les Antiquités Sous-marines), sont enthousiastes devant ce disque mystérieux (roue de bronze de 8cm de diamètre), attachée à quatre bras métalliques avec des trous pour les pivots. Ce nouvel objet rappelle le mécanisme d'Anticythère. Des images aux rayons X (hôpital d'Athènes, 25 septembre 2017) révèle la présence d'unn taureau. 
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L'Héraclès d'Anticythère
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Après une première exploration du site en 1953, le commandant Jacques-Yves Cousteau  entreprend en 1976
une seconde plongée en compagnie de l'archéologue Lazaros Kolonas
, à bord de son navire Calypso.
C'est au cours de sa deuxième expédition sous-marine que Jacques-Yves
Cousteau estime le naufrage au large de l'île d'Antikythera dans la mer Egée
en date de l'an 86 avant notre ère.
Angeliki Simosi (directrice de l'Ephorie des Antiquités d'Eubée ), Lorenz E. Baumer (professeur à
l'Université de Genève, Suisse  ),
Elisa Costa & Carlo Beltrame (Université Ca'Foscari, Venise
 ) estiment en 2022 le nauvrage du navire vers 60
avant Jésus-Christ.
La fondation Nereus (Genève ), la
Hublot Xplorations (société horlogère Hublot SA, Nyon, Suisse
), le navire Typhoon (Fondation Aikaterini Laskaridis
), et l'Université de Genève
sous l'égide de (en collaboration avec)
l'ESAG (Swiss School of Archeology in Greece
), relocalisent l'épave, cartographient
le site à l'aide de moyens numériques & géophysiques
(sonar multifaisceaux), et établissent une carte bathymétrique
géoréférencée.
Le site de l'épave se compose d'un talus (pente rocheuse abrupte), s'étendant de 20m jusqu'à 50m de la côte & atteignant une profondeur de 45m sous la surface, ainsi que d'un plateau sableux (environ 70m de long sur 50m de large, descendant à 60m de profondeur). 
Les plongeurs découvriront durant ces nouvelles prospections (octobre 2021 & 23 mai au 15 juin 2022) un socle d'une statue en marbre avec la partie inférieure des jambes, des clous (bronze & fer), un collier en plomb d'une ancre en bois, des fragments de tuiles & des céramiques. 
De minutieuses fouilles permettront également de remonter quelques restes osseux & des dents humaines. La zone du naufrage présente également des traces d'un tremblement de terre (éboulement de blocs pesant jusqu'à 8,5 tonnes) dont on ne connaît pas encore la date. Un système de levage ingénieux de la Hublot Xplorations
a permis d'accéder à une partie inexplorée du site sous-marin.
L'extraction d'une tête en marbre de 65cm de haut, reconnaissable à sa grande barbe, aux courtes boucles recouvrant le front et le crâne, ainsi que la physionomie marquée du visage, font dire aux archéologues qu'il s'agit probablement de celle de l'Héraclès dit d'Anticythère dont le corps haut de 2,50m a été mis au jour en 1901. Avec une main gauche découverte en 2016, le statue est enfin complète. 
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Barbe d'Héraclès
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Une équipe d'experts nationaux, comprenant des archéologues,
des plongeurs, des ingénieurs & des spécialistes en
sciences physiques & naturelles, ont mis au jours en 2023 un fragment
en marbre, appartenant probablement à la barbe de la tête
d'Héraclès, identifiée en 2022.
Des restes osseux d'au moins un individu ont été découverts, soulignant la tragédie humaine du naufrage. Des fragments de statues, des poteries, des verreries & des éléments en alliage de cuivre, plomb et bois de la structure du navire, ont également été exhumés. Par ailleurs, des fragments de céramique tardive ont été localisés sur un niveau supérieur de la stratigraphie, suggérant qu'un autre navire potentiellement plus petit, a connu le même sort tragique à l'époque proto-byzantine. |
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Calendrier lunaire grec ou égyptien
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Une étude réalisée par l'Université de Glasgow
(Royaume-Uni ), et publiée
dans l'Horogical Journal en 2024, a révélé
l'usage de la machine d'Anticythère.
Une observation aux rayons X (détecteur d'ondes gravitationnelles Ligo) a permis de découvrir des orifices espacés de façon régulière. 
Grâce à une méthode d'analyse bayésienne (quantifier les cavités ayant été altérées ou détruites à l'aide de statistiques), les chercheurs en obtenu un cercle de 77,1mm de rayon et un espacement moyen de 0,028mm entre chaque perforation. Avec 354 ou 355 trous comptabilisés, la théorie d'un mécanisme basé sur le calendrier lunaire grec se confirme.
L'hypothèse d'un calendrier lunaire égyptien (360 jours) a été
invalidé (estimation de 360 cavités au départ).
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Deux épaves
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La campagne de fouille menée en 2024 par l'École
suisse d'archéologie en Grèce appuyée sur
l'utilisation de véhicules télécommandées
a été particulièrement fructueuse.
Une partie de la coque du navire, qui a fait naufrage entre 70 et 60 avant notre ère, a été mise au jour : comportant des fixations d'origine et son revêtement, très bien conservé, de protection externe, elle a permis d'établir sa technique de construction, en “bordé premier” : la structure interne, faite de virures, est ajoutée dans un second temps, une fois assemblés les bordés extérieurs. Les investigations ont par ailleurs confirmé la présence d'un second navire à proximité. Les céramiques visibles au niveau des deux épaves distantes de 200 mètres, ont été documentées, permettant de compléter les modèles numériques 3D. Enfin, les tranchées de fouilles réalisées ont fait apparaître d'autres fragments de coque, ainsi qu'une vingtaine d'éléments marbre _ et de nombreux tessons appartenant à des amphores de type varié, notamment de Chios et de Rhodes, étanchéifiées pour certaines grâce à du mastic. |
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Complément d'informations
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REFERENCES
Archéologia novembre 2022 n°614 Archéologia octobre 2023 n°624 Archéologia septembre 2024 n°634 Archeow ESAG (Swiss School of Archeology in Greece) Futura-Sciences 07 juillet 2024 Dorian de Schaepmeester Gurumed 16 mars 2021 Mécanisme d'Ancythère |