Lettrines ArboSciences

Langue mère indo-européenne

Revue Nature (novembre 2003)

Langue mère

La langue mère du grec, du latin et du sanskrit serait née il y a plus de 8 000 ans en Turquie Turquie, avec les premiers agriculteurs.

Une langue mère et des centaines de langues filles : russe Russie, français France, anglais Royaume-Uni, persan Ouzbékistan, hindi Inde, gallois Pays de Galles, albanais Albanie, espagnol Espagne.

Anatolie

En novembre 2003, la revue Nature a publié l'article de Russel D. Gray et Quentin D. Atkinson (université Auckland, Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande).

Les deux chercheurs estiment que la langue d'origine aurait été parlée il y a plus de 8 000 ans parmi les peuples anatoliens, dans une région située au nord-est de la Turquie Turquie.

Les langues indo-européennes, quant à elles, auraient commencé à se différencier il y a 7 800 à 9 800 ans.

L'analyse des chercheurs néo-zélandais montre aussi que le hittite ancien _une langue morte dont on a découvert des traces au début du siècle dernier, toujours en Anatolie_ serait la langue la plus proche de la racine de notre arbre linguistique.

Deux théories

Dans le monde des linguistes, deux théories s'affrontent sur l'origine des langues indo-européennes.

“La première s'appuie sur l'expansion des peuples kourgans, des nomades venus des steppes du sud de la Russie Russie, et qui maîtrisaient l'équitation”, explique Kevin Tuite, professeur d'anthropologie à l'Université de Montréal Canada et spécialiste des langues caucasiennes.

Ils auraient avancé vers le Proche-Orient en imposant les bases de leur langue aux peuples qu'ils rencontraient. L'autre est l'hypothèse anatolienne : la première langue indo-européenne serait la base linguistique des peuples agricoles d'origine installés dans cette région.

Forts de l'avantage démographique que leur procurait une source de nourriture stable, ces peuples se seraient progressivement répandus au Proche-Orient et dans toute l'Europe Europe, jusqu'en Irlande Irlande _ce que montrent les données génétiques. Dans le bagage de ces migrants agricoles, peut-être trouvait-on la langue de leurs pères.

National Geographic (juin 2024)

Une seule & même langue



Citadelle d'Ark, immense forteresse située à Boukhara en Ouzbékistan. Une nouvelle hypothèse sur les origines des langues indo-européennes a été établie grâce à l'analyse de 161 langues, dont 52 anciennes : toutes ces manières de parler furent un jour une seule et même langue.

En Hindi Inde, “deux” se dit “do”. Dans les montagnes tadjiks Tadjikistan, on utilise le mot “poda” pour dire pied. Au cœur des marchés d'Iran Iran, les passants se donnent parfois des nouvelles de leur “pedar” ou “madar”.

Facile de deviner de qui l'on parle, tant ces mots sont proches du français France “père” et “mère”, de l'anglais Royaume-Uni “father”, “mother”, de l'espagnol Espagne ou encore de l'allemand Allemagne

Une coïncidence ? Difficile à croire. Des emprunts d'une langue à l'autre ? Peu plausible. Les mots du vocabulaire “de base” pour désigner les parties du corps ou les membres de la famille proches ne s'échangent que rarement entre les langues.

En réalité, toutes ces manières de parler furent un jour une seule et même langue. Cet idiome originel a pris les routes de l'Eurasie, se transformant au fil des ans et des migrations. Non sans laisser quelques traces.

Dès 1786, le polyglotte William Jones affirmait qu'il était impossible d'étudier le Grec, le Latin et le Sanskrit sans y voir une origine commune.

Deux hypothèses

Serait-elle née dans la steppe eurasienne voilà 6 000 ans ? Certains spécialistes avancent cette hypothèse. Avec la domestication des chevaux, et l'invention de la roue, cette façon de communiquer se serait ensuite propagée vers l'Europe Europe de l'Ouest et vers l'Inde Inde.

Peu plausible, répondent d'autres archéologues. Selon eux, des agriculteurs du Proche-Orient auraient été les premiers à parler cette langue originelle, voilà 9 500 ans. Grâce aux récoltes, la région connaît alors un boom démographique. L'agriculture permet de nourrir bien plus d'habitants au kilomètre carré que la cueillette et la chasse. Ces nombreux fermiers se déplacent pour s'installer, et emportent avec eux leurs manières de faire et leurs langues.

Deux dialectes en même temps

Langue mère indo-européenne

Mais cela ne convainc pas encore pleinement les chercheurs de l'Institut Max Planck d'Anthropologie évolutionnaire à Leipzig Allemagne. Cette équipe de linguistes et de généticiens a récemment publié une nouvelle hypothèse dans la revue Science.

Langue mère indo-européenne : Hypothèse 1

Selon eux, cette langue originelle aurait pris différentes routes. Elle aurait été parlée pour la première fois au nord du Croissant fertile, par des paysans, il y a 8 000 ans. Elle se serait alors peu à peu diffusée vers l'Europe du Sud et l'Asie du Sud. Et puis, il y a 7 000 ans, certains de ces fermiers installés au Proche-Orient auraient migré vers les steppes, au nord de la mer Noire et du Caucase (en Ukraine Ukraine et Russie Russie actuelles), comme le montrent de nouvelles données ADN. Depuis ces grandes étendues verdoyantes, leur langue aurait continué à voyager à travers le continent, notamment grâce à la domestication des chevaux.

Langue mère indo-européenne : Hypothèse 2

Autrement dit : le germanique ou le celtique ont pris la route des steppes. Le perse ou le grec ont d'abord été véhiculés par l'agriculture.

Langue mère indo-européenne : Hypothèse 3

Gabrielo Condorito (février 2024)

Langue basque

En 1936, Georges Dumézil présente les éléments, coïncidences de vocabulaire, affinités de syntaxe, qui établissent une parenté entre les langues du Caucase Russie et le basque Pays Basque. Il y a donc une parenté entre une langue parlée à l'ouest de l'Europe et celles d'entre mer Noire et mer Caspienne.

Deux idiomes en parallèle

Les langues basque et armorique sont respectivement les restes des idiomes (dialectes) oscar et celte, exclusivement orales, qui sont les plus vieilles langues d'Europe.

Le basque, appelé par les indigènes “oscar” ou “euskar”, se parlait en Espagne Espagne, dans les provinces de Biscaye, de Guipuzcoa et du pays du Labourd; et l'armorique (qu'on appelait aussi welsche et bas-breton) se parlait en France France, dans la Basse-Bretagne et en Angleterre Royaume-Uni dans les provinces de Galles et de Cornouailles.

Ces deux idiomes (dialectes) sont les débris de la langue osque (ou pélasgique), et de la langue celtique.