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Hadjar el Gouble (Baalbek, Liban)

Emplacement géographique

Localisation de Baalbek au Liban
La pierre Hadjar el Gouble, à Baalbek au Liban, mesure 22,73 m de long pour 4,55 m de large et 4,68 m de haut. Sa masse est estimée à 1 200 tonnes.
Localisation de Baalbek au Liban

Baalbek et le trilithon

Bloc de Baalbek
Selon toutes vraisemblances, Jean-Pierre Adam estime le poids réel du mégalithe à 970 tonnes. Les archéologues sont parvenus à déterminer que Baalbek était un sanctuaire dédié à la triade dite héliopolitaine c'est-à-dire: Jupiter, Vénus et Mercure. L'édifice qui nous intéresse se trouve être le temple de Jupiter, et plus particulièrement, le soubassement mégalithique sur lequel, ou plutôt au milieu duquel, il fut édifié. Car ce soubassement, en réalité, ne supporte pas directement le temple, il est nettement détaché du podium construit à l'aplomb du stylobate, sauf sur le côté est qui est occupé tout entier par un escalier monumental montant de la grande cour des sacrifices.

Au nord et au sud, seule une assise est en place. Des parallélépipèdes de 4 m de hauteur, de 3 m de profondeur et de 10 m de longueur pesant chacun 300 tonnes !

Sur la face ouest accessible par l'extérieur de la zone archéologique, on peut y voir non plus une mais deux assises gigantesques, elles-mêmes placées sur trois premières assises de fondation en appareil "normal", le tout reposant sur une arase rocheuse. Trois pierres forment à elles seules l'assise supérieure, elles constituent le célèbre "trilithon" et mesurent respectivement 19,60 m, 19,30 m et 19,10 m de longueur, pour 4,30 m de hauteur sur 3,65 de profondeur, leur poids moyen est de 800 tonnes !

Bloc de Baalbek
Une telle accumulation de pierres, d'une taille aussi démesurée, est unique, non seulement dans toute l'Antiquité mais aussi dans toute l'histoire de l'humanité. La plus grosse de toutes les pierres taillées à Baalbek et destinées au sanctuaire n'a pourtant jamais été mise en œuvre, elle est demeurée à la carrière située à un millier de mètres environ des temples, au pied de la colline de Cheikh Abdallah, les Arabes l'appelle hajar el qoublé (la pierre du sud), ou hajar et houblé (pierre de la femme enceinte). Ses dimensions dépassent encore celles des pierres du trilithon puisque sa longueur atteint 21,50 m, sa hauteur 4,20 m et sa largeur 4,30 m. Avec un cubage de 388m3 elle atteint le poids phénoménal de 970 tonnes !

Baalbek à Hadjar El Gouble au Liban
La seule inscription (un graffito figurant sur la face de pose d'un chapiteau d'une colonne du péristyle), donne la date de 60 ap. J.-C. Il semble d'ailleurs acquis, d'après le caractère stylistique du monument, que l'on se trouve en présence d'une réalisation terminée sous le règne de Néron (empereur de 54 à 68), l'origine du programme, podium mégalithique compris, pourrait se situer à l'époque de Claude (empereur de 41 à 54).

Quoiqu'il en soit, tout à Baalbek demeure hors du commun; les énormes pierres dans lesquelles sont taillées les marches de l'escalier monumental, les tambours des colonnes, la porte du temple dit de Bacchus [dédié en réalité à Vénus] avec ses 13 m de hauteur et ses 7,50 m de large, les blocs de corniche, les éléments des deux grands autels de la cour, bref, dans toutes les réalisations le sanctuaire a pour caractéristique le gigantisme.


Monobloc de Baalbek

Transport du mégalithe de granite de Saint-Pétersbourg


Le formidable bloc de granite que l'impératrice de Russie, Catherine II (impératrice de 1762 à 1796), fut transporté à Saint-Pétersbourg (aujourd'hui Leningrad) pour servir de socle colossal à la statue équestre de Pierre le Grand. Il s'agit là fort probablement de la plus grosse pierre jamais déplacée par l'homme: 1 250 000 kilogrammes, soit 1250 tonnes !

Le bloc choisi se trouvait à six kilomètres de la mer, sur la côte du golfe de Finlande, au-delà d'une zone marécageuse dont la traversée était nécessaire si l'on ne voulait emprunter un itinéraire trop considérable, et par surcroît accidenté. L'ingénieur chargé de ce travail, le comte de Carbury, prépara si bien le transport que celui-ci n'exigea que ... 64 hommes ! Ce nombre est aussi stupéfiant par sa faiblesse que peut l'être celui du poids déplacé, par son gigantisme.

Le comte de Carbury avait fait glisser progressivement sous le bloc un fort traîneau constitué de deux poutres tenant lieu de patins, ayant chacune 13 mètres de long, 49 centimètres de large et 43 centimètres d'épaisseur. La partie inférieure en était creusée en forme de canal, dans le fond duquel on avait fixé une garniture métallique réalisée en alliage cuivre-étain-calamine. Sept traverses maintenaient l'ensemble rigide. Ce traîneau glissait ou plutôt roulait, sur deux paires de poutres en bois, s'alternant suivant la progression, et lui tenant lieu de chaussée. La surface de ces "rails" possédait un canal analogue à celui des patins, constituant ainsi un espace circulaire permettant d'interposer entre la charge et la voie, des boules de même alliage que le chemin de roulement ayant un diamètre de 13,5 cm, au nombre de 16 sous chaque patin.

Les câbles de traction passaient par deux cabestans seulement, manipulés chacun par 32 hommes; chacun exerçant un effort de 20 kg, leur puissance totale fournie s'élevait à 1280 kg. En tirant directement la charge sur un sol nu, cette force de traction n'aurait permis de déplacer qu'une pierre de 1920 kg seulement ! Les 64 hommes préposés à la manœuvre étaient répartis sur les huit barres de chaque cabestan à raison de quatre par barre. Ces barres avaient une longueur de 2,60 m et le point moyen d'application des forces se trouvait à 1,60 m du centre du tambour, dont le rayon était de 10 cm. La formule du treuil nous permet d'obtenir la puissance des deux cabestans, soit 20 480 kg. Cette puissance surmultipliée par les palans (2 palans de 3 poulies en parallèle) était portée à 61 440 kg, mais les frottements la réduisaient à 50 000 kg; il en résulte que la force mise en œuvre était égale au 1/23 du poids de la charge, fraction obtenue grâce à l'efficacité du système de roulement.

En dépit des conditions topographiques (marécages et fortes gelées), six semaines seulement aura été nécessaire aux 64 hommes pour déplacer les 1250 tonnes sur 6 kilomètres !

Jadjar El Qouble

Déplacement de l'obélisque de Louqsor

Déplacement du monolithe de Mussolini

La réussite du transport du monolithe de Carrare (il s'agit d'un énorme monolithe transporté par la traction animale sous Mussolini) réside en fait dans deux particularités complémentaires: d'abord l'existence d'une déclivité permanente d'incidence optimale, ensuite le fait que les paires de bœufs tirant en ligne sur 3 câbles seulement. Il se trouve que traditionnellement on estime qu'un bœuf est capable de tirer une charge de 1000 kg placée sur un char.

Soubassement de Baalbel

Soubassement à Baalbek au Liban
Soubassement du trilithon à Baalbek au Liban

Cité phénicienne

Soubassement à Baalbek au Liban
Baalbek est une cité phénicienne située dans la plaine de la Bekaa, au Liban. La ville est citée dans la Bible sous le nom de Baalath.

Soubassement du sanctuaire du temple de Baal était censé être agrandi. Achevé du côté ouest, il demeure à l'état d'ébauche du côté est. Les pierres destinées à servir de première assise attendent encore depuis seize siècles. Ces travaux titanesques ont commencé autour du Ier siècle et se sont pousuivis jusqu'au IVe siècle.

Baalbek la Belle

Deux architectes & pensionnaires de l'Académie de France à Rome, du XIXe siècle, Achille Joyau (1831-1873) & Gaston Redon (1859-1921) frère du peintre Odilon, se rendent sur ce site antique situé au nord-est du Liban, le premier en 1865 & le second une vingtaine d'années plus tard en 1887.

Vision réaliste par Joseph-Louis-Achille Joyau (1831-1873)

On voit dans cette aquarelle de la façade latérale sud, le détail de l'appareillage des murs, des entablements & des chapiteaux des colonnes, où se mèlent architecture gréco-romaine & éléments sémitiques & orientaux. De petits personnages animent cet ensemble minéral et donnent par leur présence l'échelle monumentale de ces ruines.
Temple d'Hélipolis à Baalbek au Liban

Façade sud, et de gauche à droite: la colonnade du temple de Jupiter, au centre le temple de Bacchus, bordé de quatre colonnes et, sur la partie droite, la muraille d'époque musulmane.
Temple d'Hélipolis à Baalbek au Liban

Sur la façade principale, les colonnes des temples de Jupiter & de Bacchus.
Temple d'Hélipolis à Baalbek au Liban

Vision fantaisiste par Gaston Reson (1859-1921)

De gauche à droite: le temple de Bacchus & le temple de Jupiter.
Sur cette aquarelle, la végétation a disparu, les lieux sont désertiques, les tons plus bruns, le ciel est blanc et les pierres travaillées plus en relief. De nombreuses sculptures romaines qui donnent à sa vue un caractère assez fantaisiste. On trouve notamment sur les piliers de part et d'autre du grand escalier une réinterprétation des Dioscures qui dominent alors la place du Capitole à Rome.
Temple de Bacchus & temple de Jupiter à Baalbek au Liban