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Australopithèque (ouest du lac Turkana, Lomekwi3, Kenya)

Biodiversité des espèces

Après plus d'un siècle de recherches paléoanthropologiques, l'hypothèse de Charles Darwin d'un berceau de l'humanité africain reste toujours pertinente, avec la présence d'hominines anciens tels que les australopithèques, les paranthropes (“pas tout à fait hommes”, ou australopithèques robustes, entre 2,7 et 1 million d'années) et les premiers représentants du genre Homo sur ce continent.

Prenons comme exemple de cette pluralité des humanités, la période comprise entre 3,5 et 3 M.a., avec cinq espèces d'australopithèques (Australopithecus bahrelghazali en Afrique centrale, Australopithecus afarensis, Australopithecus deyiremeda, Kenyanthropus platyops en Afrique australe) suggérant des niches écologiques sensiblement différentes.

Malheureusement, la reconstitution de leur cadre paléo-environnemental reste très souvent générale, caractérisée par des environnements diversifiés, proche de points d'eau, allant des savanes arborées aux plaines herbeuses, en passant par des forêts et lisières de forêt.

Il est également à noter une certaine variabilité des environnements au cours du temps et des régions, une espèce étant amenée à évoluer dans des milieux différents et inversement.

Paranthropes, australopithèques & 1ers Homo en Afrique

La biodiversité des niches écologiques (environnements diversifiés proches de points d'eau, allant des savanes arborées aux plaines herbeuses, en passant par des forêts et lisières de forêt) a amené une pluralité des humanités.

Après la présence averée d'une première niche observée entre 3,5 et 3 millions d'années en Afrique, une seconde biodiversité concerne la fin du Pliocène et le début du Pléistocène, période marquée par une instabilité croissante du climat après 2,8 M.a. et par l'émergence et la diversité des paranthropes et des premiers représentants de notre genre, le genre Homo, avec la présence de trois espèces de paranthropes (Paranthropus æthiopicus et Paranthropicus boisei en Afrique orientale, et Paranthropicus robustus en Afrique australe) et trois espèces attribuées au genre Homo (Homo rudolfensis, Homo habilis et Homo ergaster).

Moulage des premiers représentants du genre Homo, paranthrope d'Afrique orientale & paranthrope d'Afrique australe.

Si les premiers Homo sont souvent associés à des milieux arides et ouverts, mais également humides, ils ne le sont pas à un habitat préférentiel. Ils ont un régime alimentaire très diversifié et opportuniste, avec une composante animale et végétale.

Ils montrent une grande capacité d'adaptation à des environnements variés, ce qui leur permet de faire face aux changements environnementaux et climatiques, y compris l'augmentation de l'aridité.

Les paranthropes, connus uniquement en Afrique entre 3-2,7 M.a. et 1M.a., sontcontemporains des premiers humains pendant plus d'un million d'années. On a souvent pensé que ces deux genres étaient inféodés à des habitats différents. Mais les données de terrain ne montrent pas de différences importantes en termes de contexte environnementaux et d'habitat, ces deux genres s'intallant à proximité de sources d'eau (lac, rivière, résurgence de sources souterraines ...), à la fois dans des environnements de savane ouverte et dans des espaces localement plus boisés.

Localisation des principaux sites ayant livré des restes de premiers représentants du genre Homo & de paranthropes.

L'écologie alimentaire des paranthropes et des premiers représentants du genre Homo est également débattue. Initialement, l'on pensait que les paranthropes étaient végétariens spécialisés dans la consommation d'aliments durs (racines, tubercules, noix) tandis que les premiers humains étaient plus omnivores.

Cependant, les analyses isotopiques et les micro-usures dentaires suggèrent que les paranthropes (en particulier ceux d'Afrique australe) exploitaient de nombreuses ressources aimentaires, pouvant inclure des aliments durs en cas de besoin, lorsque la nourriture préférentielle, plus souple, n'étaient plus disponible.

3,4Ma 1ers outils lithiques

De nouvelles données archéologiques ont remis en question leurs comportements culturels. Si l'association entre industrie lithique et premiers humains est souvent évoquée, celle-ci doit être largement réévaluée à la suite de la découverte d'une part du site de la découverte du site de Lomwekwi 3 (Kenya) daté de 3,4 milliards d'années, soit 500 000 ans avant le plus ancien fossile attribué aux premiers représentants du genre Homo, et d'autres issues de sites féquentés par les paranthropes.

Ses derniers sont en effet parfois associés à des outils lithiques et en os (en Afrique du Sud et au Kenya notamment), ce qui remet en question l'idée qu'ils ne pouvaient pas être les artisans de ces objets. De plus, des études récentes suggèrent que les paranthropes grandissaient plus vite et avaient une durée de vie plus courte que les premiers humains et que leurs tout-petits avaient une transition rapide vers une alimentation solide, tandis que les premiers humains avaient un temps de maternage plus long, qui pourrait impliquer une augmentation du temps entre les naissances et une organisation sociale différente.