Trois minutes pour comprendre / Three minutes of learning
philippelopes@free.fr
Toulon 
1921, au troisième étage d'un vieil
immeuble, près de la place du Pavé-d'Amour, un jeune homme est penché sur un bureau
couvert de moleskine (toile de coton fine recouverte d'un enduit et d'un vernis imitant le cuir).
Il a seize ans. Ses cheveux noirs sont séparés par une raie au milieu. Il écrit à son parrain, le chanoine Borrallo, de Perpignan: "Mon cher parrain ... Le mouvement mécanique doit être rejeté,. Il faudrait trouver un disque tournant très rapidement et dont une moitié passerait dans un système électrique détruisant la force centrifuge ce qui entraînerait l'appareil à des vitsses fantastiques ... J'ai reconnu que, théoriquement, dans un système à disque, la force centrifuge était relativement compensée, ou à peu près, par une autre force produite par la mise en rotation".
Le lycéen Marcel Pagès est déjà sur la voie. Son rêve: entrer à l'Institut électro-technique de Grenoble
et poursuivre
ses recherches. Mais son père, chef de la police d'Etat de Toulon, un homme à la forte carrure et
aux larges moustaches, grisonnantes, veut que son fils ait un métier sérieux. Il sera médecin
militaire.
L'école de Lyon
, le Sud marocain
, l'étude des médecines indigènes, les garnisons.
La mort dans l'âme, Marcel Pagès abandonne ses expériences pratiques. Il n'a pourtant pas renoncé.
Mai 1940, à Gien
, sur la Loire dont
les ponts sont coupés, le capitaine Pagès est fait prisonnier avec 25 blessés:
"Allez vite à l'hôpital psychiatrique de Fleury-les-Aubrais",
lui dit un médecin commandant allemand 
,
croix de fer, grand, mince, parlant français avec l'accent de Paris, "Je
m'occuperai de vos blessés".
Sur l'un des pavillons, dans le parc, en grandes lettres: "Service
d'électrothérapie". A l"intérieur, une machine comportant huit disques noirs de
50cm de diamètre entraînés par un moteur électrique. Des pinceaux métalliques
frottent sur les disques. C'et la machine de Wimshurt. Elle sert à soigner certains malades mentaux. Mais elle
crée, surtout, de l'électricité statique. Le capitaine Pagès désirait depuis
dix-neuf ans une de ces machines pour poursuivre ses expériences. Sans la débâcle de 1940, il
n'aurait peut-être jamais réalisé son rêve.
"Livrez-nous votre formule, elle intéresse l'humanité tout entière", lui ont conseillé les Russes
par l'intermédiaire d'un de leurs agents en Suisse 
.
"Vous aurez tous les laboratoires que vous voudrez et pas de soucis d'argent si vous venez chez nous", lui a-t-on proposé à l'ambassade américaine
.
Le chef de l'armé italienne
, venu le dernier, a
simplement dit: "Vos conditions seront les nôtres".
Mais le docteur Pagès refuse de quitter son Perpignan
.
Le premier aéronef anti-gravitationnel doit être français. Après avoir modernisé
son laboratoire, il compte bien, de son petit jardin, au pied du saule pleureur, lancer un disque chargé
(à l'aide de procédés qu'il tient secrets) d'un potentiel positif de plusieurs millions de volts.
Alors, préfigurant les astronefs plus perfectionnés qui suivront, le disque, libéré
de la pesanteur, s'élèvera comme un ballon chargé d'hydrogène en disparaîtra dans le ciel.
En l'espace de dix ans, Marcel Pagès dépose plus d'une centaines de brevets dont une bonne partie concerne l'astronautique. Peu intéressé, il ne se souciera jamais de la réalisation de ces inventions qui d'ailleurs ont été vite exploités par des pays étrangers. En 1946, un magazine scientifique américain diffuse les plans d'un avion sans ailes, tiré des inventions de ce génie.
Article de presse ("Match", 03 mai 1958), tout droit sorti des archives personnelles d'Axel Mazuer, fidèle internaute.
Défi de l'antigravitation Marcel Pagès
Moumra
Journal le Parisien Claude Muller mardi 22 mai 1972 - page 5
Soucoupe volante du Docteur Pagès Actualités Méditerranée ORTF et INA - 29 avril 1958