Peuple russe Yamnaya en terre ibérique
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![]() philippelopes@free.fr |
Homme russe yamnaya et une femme espagnole |
Il y a 4 500 ans, le peuple des Yamnayas, un groupe de bergers nomades en provenance du territoire russe
actuel, vient s'installer sur la péninsule ibérique, à Castillejo de Bonete en Espagne.
Une équipe de généticiens étrangers a analysé l'ensemble du génome ancien de 271 individus dont les restes ont été mis au jour dans la péninsule ibérique. ![]() Les analyses ont confirmé que l'héritage génétique des hommes de la péninsule ibérique a été complètement décimé par le peuple Yamnaya, venu de Russie. Le remplacement de 40 % de l'ascendance ibérique et de presque 100 % de ses chromosomes Y coïncident avec l'arrivée des Yamnayas dans la région. La disparition complète des lignées masculines locales, et la préservation du patrimoine génétique des femmes attestent que les Espagnols de l'époque ont été certainement massacrées. Ces mêmes chercheurs confirment que les Yamnayas se sont reproduits prioritairement avec les femmes locales, diminuant de façon draconienne l'apport génétique de leurs anciens partenaires. Avant d'atteindre l'ouest et le sud de l'Europe, ce peuple qualifié pour certains de "barbare" avait atteint le nord du continent. D'ailleurs, un phénomène génétique semblable a été remarqué en Grande-Bretagne. |
Chevauchée européenne |
Les "Yamnas" sont un peuple
mystérieux. Nomades des steppes pontiques d'Europe de l'Est, autour de la
mer Noire, ils nous ont laissé leurs kourganes, célèbres
tumuli funéraires ou "tombes
à fosse".
Ils auraient émigré à la fin du Néolithique, pour échapper à une épidémie de peste (?), et leur progression vers l'ouest aurait favorisé l'émergence des céramiques dites cordées. Les "Yamnas" ont apporté une variante des gènes LC24A5 & SLC45A2, codant pour une peau claire, des cheveux & des yeux foncés, et d'autres gènes pour une grande taille. ![]() Porteurs de l'halogroupe (groupe d'humains ayant génétiquement des caractéristiques physiologiques identiques, voire par extension, un ancêtre commun) R1b, situé sur le chromosome Y, donc transmis par les hommes, ils seraient également à l'origine d'un profond remplacement de populations (cet halogroupe devenant majoritaire à la charnière du Néolithique final & l'âge du Bronze ancien), que certains auteurs ont interprété, un peu vite, comme la conséquence de génocides ou de massacres, consécutifs à une invasion de guerriers qui se seraient appropriés les veuves & leurs filles. Les "Yamnas" seraient les premières populations nomades à utiliser le cheval comme monture. Au départ, en effet (entre 3500 & 3000 ans avant notre ère), c'est le lait de jument qui était recherché, comme en témoigne la composition des calculs rénaux retrouvés chez les individus "Yamnas" de Krivyanskiy 9 (Russie ![]() En France ![]() ![]() Une nouvelle étude s'est donc intéressée à cinq défunts "Yamnas" bien conservés, provenant de divers sites d'Europe de l'Est _Strejnicu (Roumanie ![]() ![]() ![]() Ces cinq personnes présentaient aussi un ostéome ainsi que des déformations osseuses concentrées dans les articulations des jambes, du bassin & sur la colonne vertébrale (lordose), voire des traces de fractures (à la suite d'une chute ?), semblable aux pathologies identifiées chez les cavaliers modernes pratiquant une monte régulière. Ces personnes (dont l'âge estimé varie entre 25 & 75 ans) passaient donc littéralement leur vie sur un cheval. ![]() Carte de la répartition globale des Yamnas & de la culture des Afanasievo à l'origine des précédents. Les sites avec des individus portant des marqueurs squelettiques pour l'équitation sont marqués (cercles noirs pour les Yamnas; cercles rouges pour les tombes d'autres périodes). |
Les Yamnaya, peuple barbare |
Le chercheur David Reich (Harvard Medical School, Boston
![]() C'est ce que révèle l'analyse du génome de 271 individus ayant vécu dans la péninsule ibérique entre 7 000 ans av. J.-C. et 1 500 ap. J.-C. ![]() Les Yamnaya, peuple d'éleveurs venu des steppes russes ![]() Dans une précédente recherche réalisée en février 2019, David Reich révélait que l'arrivée des Yamnaya en Grande-Bretagne ![]() ![]() Contrairement aux Britanniques ![]() ![]() ![]() ![]() Entre 2 400 et 2 000 ans av. J.-C., une ascendance entièrement nord-africaine démontre des échanges entre les deux rives de la Méditerranée. |
Société pastorale |
Des chercheurs ont émis l'hypothèse que la perte de
diversité du chromosome Y, survenue il y a 3 000 à
5 000 ans, peut avoir plusieurs raisons, sans mettre la faute
au peuple Yamnas, ces nomades des steppes pontiques d'Europe de
l'Est, autour de la mer Noire.
Selon toute vraisemblance, le passage d'une économie de chasse-cueillette à une société fondée sur l'agro-pastoralisme au Néolithique aurait également transformé les systèmes de parenté. ![]() Contrairement aux chasseurs-cueilleurs, apparentés soit à la lignée de leur mère (matrilinéaire), soit à celle de leur père (patrilinéaire), les agro-pasteurs néolithiques auraient adopté un système patrilinéaire certes _le terrain et le troupeau restent dans la famille du patriache !_, mais segmentaire, c'est-à-dire plus souple, dans lequel les fils demeurent majoritairement dans le groupe paternel, mais où les cadets et les cousins vont chercher femme ailleurs, lorsque la place vient à manquer, tout en restant apparentés. Les auteurs de l'étude ont élaboré deux modèles théoriques (guerrier et familial), basés sur 1 000 génomes collectés dans de nombreuses populations patrilinéaires segmentaires, appuyés sur des observations de populations réelles. Conclusion : pas besoin d'imaginer des remplacements brutaux de population, une simple modification des règles de parenté, basée sur les ascendances paternelles, a pu suffire. |
REFERENCES
Archéologia mai 2023 n°620 Archéologia juillet-août 2024 n°633 Futura Sciences 19 mars 2019 Céline Deluzarche Radio-Canada 23 mars 2019 ![]() |